Michel Weil

Michel Weil est né un jour de janvier 65. « En même temps que Le mot le plus long », ancêtre du plus ancien jeu du Paf, Des chiffres et des lettres (qui a vu le jour en 72 sous cet intitulé), comme le souligne ce correcteur indépendant de 39 ans. Une coïncidence en rien anecdotique pour le Bruxellois qui a repris le chemin des studios parisiens toujours sous l'égide de Patrice Laffont, aujourd'hui producteur du rendez-vous qui a bercé son enfance et sa jeunesse.«Dès que j'ai été en âge de lire, vers 6-7 ans, j'ai regardé tous les jours. Le programme alors proposé avant les JT français atteignait d'ailleurs des taux d'audience faramineux à l'époque. J'aimais ce principe de gymnastique mentale», raconte ce sportif complet (il est aussi adepte de plongée sous-marine). «Ce formidable instrument pédagogique m'a donné le goût des mots. J'aime étudier le dictionnaire depuis lors. A l'école toutefois, jusqu'à l'âge de 18 ans, j'étais un matheux. J'ai même entamé une formation en informatique, puis je me suis aperçu que cela ne me plaisait pas. J'ai arrêté pour faire de ma passion mon métier et je me suis lancé en autodidacte dans la correction. Cela fait quinze ans que je pratique cette activité, pour plusieurs maisons d'édition belges (La Renaissance du Livre, Racine, Artis Historia, Marabout...). Je relis surtout des livres d'art ou de culture »

 

En 1987, alors âgé de 22 ans, Michel s'inscrit à son jeu télévisé fétiche. Hyperentraîné. « J'y allais pour la gagne! Je faisais alors de la compétition dans le club Des chiffres et des lettres à Bruxelles, où j'ai décroché à quatre reprises le championnat et à sept reprises la Coupe de Belgique», se souvient le champion d'orthographe 97 dans notre pays. «A ce moment-là, on pouvait remporter au maximum dix matches, en deux manches. J'avais été au bout de ces possibilités, donc j'avais participé à vingt émissions » « Puis, en janvier 88, une coupe avait été organisée avec les meilleurs candidats des douze mois précédents. J'avais été éliminé en demi-finale sur un coup de malchance: j'avais proposé le mot carteries, dans le dictionnaire jusque dans les années 60 puis qui en était sorti et y était revenu seulement en... 89! » Après ce parcours hors pair dans les eighties, l'accro des mots pensait que son compte était bon à France2... « J'étais censé être hors concours à vie. Puis, voici quatre ans, j'ai vu qu'un ancien champion était revenu sur le plateau du rendez-vous aujourd'hui présenté par Laurent Romejko. Alors j'ai écrit à mon tour et j'ai participé à une sélection en mars 2003. Ils m'ont recontacté en janvier, pour l'enregistrement. Cette fois, c'est vraiment pour le plaisir que je m'y suis rendu. J'ai d'ailleurs arrêté toute compétition et cessé de suivre de manière systématique l'émission » Patrice Laffont toujours bien présentDix-sept ans après, la demi-heure ludique a évidemment beaucoup évolué. « L'utilisation de l'informatique demande un - court - temps d'adaptation. Le temps de réflexion et le générique ont changé. Tandis que deux petits duels ont été ajoutés. Si Patrice Laffont n'est plus devant la caméra, en tant que producteur, il se trouve en régie et donne ses conseils de blagues ou de questions aux animateurs, par oreillette interposée. J'ai assisté à un tournage à ses côtés : c'est impressionnant ! Si le jeu est très statique, neuf caméras sont en action. Patrice Laffont décide également de l'ordre de passage des candidats. Il m'a fait contacter parce qu'ils avaient un concurrent qui gagnait trop facilement, au détriment du suspense... » Un suspense que l'on ne voudrait pas rompre, quant à la prestation de cet ancien champion belge. On se bornera à souligner qu'il n'en a pas trop perdu son français...

 

Propos recueillis par Isabelle Blandiaux
© La Dernière Heure 2004