René Trépant

 

Le Marchinois René TRépant a représenté la Belgique aux championnat du monde d'orthographe qui se sont déroulés à New York en 1991.


La septantaine alerte, la voix calme et posée, enjouée parfois, il ne peut occulter la flamme qui brille dans son regard lorsqu'il évoque son goût pour la langue. Car si son emploi du temps est scindé entre accomplissement des tâches ménagères et gestion d'une distillerie de luxe, une plage horaire est quotidiennement réservée à l'assouvissement d'une passion certes, née tardivement, mais qui s'exprime avec d'autant plus d'éclat. René Trépant est Marchinois (habitant de Marchin en Belgique, entre Liège et Huy) depuis plus de 35 ans. Sa participation aux championnats du monde d'orthographe en 1991 ne fut point un aboutissement mais plutôt une étape supplémentaire sur le chemin de l'érudition linguistique. Une sorte de revanche sur le sort, peut-être aussi : " En perfectionnant mon orthographe, nous avoue-t-il, je crois que j'assouvis, à contretemps, une soif de culture que je n'ai pu étancher au moment opportun ".


Hennuyer de souche, René Trépant vit le jour dans l'entre-deux-guerre - et non dans les choux, comme l'a souvent pensé " Mégot ", sobriquet dont il fut affublé durant ses premières années, vu sa chétivité - au sein d'une famille que, pour partie du moins, il cherchera à fuir dès que l'opportunité se présentera. Élevé " à la dure " à l'ombre d'un père injustement sévère et violent, lequel n'épargnait rien ni personne, il trouva en l'école, paradoxe, un refuge à la chaleur duquel il put jeter un autre regard sur l'existence. Trop précocement privé de ce ballon d'oxygène, écrasé par une éducation intransigeante, il vola de ses propres ailes dès 1953, traversant la Méditerranée pour établir ses quartiers en Afrique, y devenant comptable pour une société de plantations. Rapatrié suite aux événements qui secouèrent feu le Congo, il fut ensuite employé, en qualité de comptable, par deux entreprises du Condroz, les sociétés Sagrès et Duchêne. Des chiffres, il en fut donc professionnellement question durant plusieurs dizaines d'années. De lettres aussi, même si la curiosité paraissait plus ludique.

 

Doté d'une orthographe très satisfaisante lors de ses trop rares années de scolarité, René découvre l'existence d'un championnat de Belgique de la spécialité en 1973. Coup d'essai, coup de maître, puisqu'un an plus tard, le Hennuyer se glisse d'emblée sur la première marche du Podium.


" Je ne suis pas un véritable amateur de lettres et de grande littérature, avoue-t-il, mais je ne me lasse guère de parcourir les ouvrages axés sur les difficultés de la langue. Une lecture spécialisée, en quelque sorte... "


L'initiative de Bernard Pivot en 1986 - la première dictée télévisée - allait donner une nouvelle ampleur à cette soif de connaissance.


" J'ai été sélectionné à Lille, afin de prendre part à la grande finale contre les Français. Champion de Belgique, je me suis aussi installé au troisième rang de la hiérarchie, toutes nationalités confondues, en catégorie amateurs ".


Le pli est pris, notre plumitif deviendra dès lors l'un des incontournables de la dictée de Pivot.
Afin de titiller les ténors, René Trépant affûte quotidiennement ses armes. Parmi celles-ci, la mémoire visuelle et une large connaissance des champs sémantiques lui permettent d'emmagasiner la plupart des 59.000 mots que comptent le Larousse et le Robert, ce qui nécessite bien entendu un entretien quotidien d'une durée moyenne de deux heures. 120 minutes par jour à potasser ces deux ouvrages de référence sans oublier les 2 manuscrits qu'il a lui-même enfanter soit " le recueil de 6.000 homonymes " et " l'orthographe en ficelles ", sorte de double syllabus faisant la somme de règles, remarques et notes accumulées au cours d'une quinzaine d'années de compétitions. Non édités, ils constituent cependant un outil commun à l'ensemble des membres de l'APT belge de l'orthographe - qu'il a lui-même créé.

 

De la raquette à la plume.
De l'ATP à l'APT, il n'y a qu'un pas que ce tennisman a franchi sans coup férir. Frustré de ne plus pouvoir participer aux championnats de Belgique d'orthographe suite à sa victoire, il fonda, en 1988, un club qu'il dénommera donc APT - Addition des Points des Tournois - que l'on verra fleurir ces dernières années en APT belge de l'orthographe. En 2005, c'est avec une certaine nostalgie que ses membres, les Apétistes, le verront céder les rênes en 2005.