Les vacances de M. Hulot (2003)

Il y a un demi-siècle sortait le deuxième des six longs métrages (longs-métrages) réalisés par Jacques Tatischeff - patronyme qui subira l'heureuse apocope de sa syllabe finale - tandis que le public faisait la connaissance de Hulot, longiligne échalas dégingandé, personnage lunatique à la démarche élastique dont la silhouette interminable hante non point mes cauchemars mais bien plutôt mes rêves d'enfance.

 

Ça commence dans une gare où des dizaines de juillettistes tentent de comprendre les borborygmes à grand-peine distinguables que crachotent des haut-parleurs moyenâgeux. Sur les routes de campagne, parmi les rares berlines et quelques cyclotouristes, surgit une chiotte tintinnabulante dont le Klaxon (klaxon) - qui semble trompeter - n'est pas près d'effrayer la gent canine.

 

À Saint-Marc-sur-Mer, près de Saint-Nazaire, les habitués se retrouvent à l'Hôtel de la plage : le commandant retraité raconte pour la vingt et unième fois l'ultime contre-offensive de von Rundstedt à deux vieilles péronnelles bégueules ; le couple de pensionnés rythme le séjour par ses balades ; l'homme d'affaires belge - accro du bigo - étudie ses dossiers pendant que sa progéniture fait les quatre cents coups ; les parties de cartes se succèdent au sein de la petite bourgeoisie dont l'obséquiosité est céans magnifiée en irrésistible satire par ce poète de la pellicule qu'est Tati.

 

Débarque alors ce quasi grand dépendeur d'andouilles qui va semer la pagaille dans la paisible station balnéaire. Ses gaffes sont inracontables, mais citons tout de même la mise à la mer d'un bateau au radoub, les transformations d'un inoffensif canoë en squale et d'une chambre à air en couronne mortuaire, sans parler du feu d'artifice improvisé qu'orront les vacanciers et qui provoquera leur troisième réveil nocturne.

 

Cependant, cet hurluberlu est un sportif accompli : lors d'un tournoi de tennis, il va essouffler et ridiculiser les fiers-à-bras nonobstant une technique quelque peu surprenante, reprise le soir même lors d'une mémorable partie de ping-pong, au grand dam des autres pensionnaires. Par contre, l'hippotechnie n'est pas vraiment son fort...

 

C'est aussi un boute-en-train, arborant un splendide costume de pirate lors du bal populaire, ce qui lui vaudra d'esquisser un pas de deux avec la sublime Martine. Mais il est également galant et serviable, allant jusqu'à porter le sac à dos d'une jolie guide tout exténuée. Des boy-scouts éméchés et bohèmes le raccompagneront bruyamment et nuitamment, réveillant derechef la clientèle tout horripilée.

 

Quand à la fin du séjour plus d'une pimbêche s'échangent leurs adresses, Hulot n'est guère sollicité. Le peu de cartes de visite que lui donnent une Anglaise de la Cornouailles et un pensionné l'exhortent tout compte fait à revenir l'année prochaine, pour notre plus grand bonheur.

 

Hulot, Tati - dissyllabes adorés synonymes de fous rires inextinguibles - me feront encore longtemps rêver...

 

Michel Weil
Champion de Belgique 1997
Texte inédit aimablement révisé par Julien Dorsimont


Test

la tyndallisation ; la bradykinine ; le muay thaï (cf boxe au Petit Larousse illustré) ; l'opuntia ; l'amygdaline ; le leucobryum ; l'ethos ; le requeté ; thermoïonique ; relation de Chasles.