Paris vaut bien une messe télévisée

 

 

Sous l'oriflamme bleu et rouge qu'ont choisie les Parisiens, maire et adjoints, ceints de leur écharpe, ont joué, ce matin de janvier là, les amphitryons à l'Hôtel de Ville.

Les supplices en série que le tiers état a fait endurer aux ci-devant ont quelque parentèle avec les lacs captieux que Bernard Pivot, seul maître après Dieu, a tendus à ceux qui, trop nonchalants, ne se sont pas donné la peine de ratisser avec minutie les glossaires et se sont ri trop vite des calembredaines que le héraut patenté de l'orthographe juge drôle, voire drolatiques.

 

De la tchatche et du pep, il n'en manque pas ; les candidats en sont restés cois, en toute bonne foi. Quoi qu'il en soit, il a plutôt été vache avec les meufs ; les eût-il traitées de gotons ou de maritornes, les mânes de Vaugelas n'en auraient pas été courroucés, mais des trâlées de tribades misandres se seraient complu à le vilipender.

 

En guise de pensum, un texte qu'en toute bonhomie il lut, et qui, au dam des vieux kroumirs rodés à la tmèse comme à la catachrèse, ne celait aucun terme sibyllin, à un aye-aye près. Ni cétoine, ni cicindèle, mais une cigale boursicoteuse ; ni psylles ni psoques, mais des fourmis avaricieuses. La Fontaine en eût fait ingénument toute une fable.

 

Le front lauré, par l'Académie et ses pairs adoubé, le vainqueur revint sur ses terres de l'Oisans en rêvant d'écrire un traité sur les mœurs cachées des dytiques ou une anthologie des plus usuels hypocoristiques. À La Garde, il ne se soucierait dorénavant ni du wu ni du kwa, mais défendrait bec et ongles le beau langage et le patois. Eh quoi, les armoiries de la commune ne l'enseignent-elles pas déjà : de altis rupibus meis gardo.

 

Jean Chalvin 2004
Dico d'or 2003