NIVEAU 2 (Classes de 3e et 4e) - 1997

- N°1 : Le corps de l'ouvrier suivait le mouvement de la hache. Tout l'arbre frémissait. Une chemise ample, un pantalon usé collé aux jambes, décalquaient le squelette de l'homme : les omoplates durement dessinées, les côtes arquées, le bassin étroit, les longs fémurs à peine recouverts de muscles, tout cela saillait en traits vigoureux sous l'étoffe mouillée par la sueur. L'ombre enveloppait les yeux bleu clair aux orbites enfoncées sous des sourcils broussailleux. (d'après R. BAZIN)

 

- N°2 : Une centaine de partisans étaient sortis de leur(s) trou(s) et glissaient comme des ombres à travers la forêt silencieuse que recouvraient les premières neiges. Autour d'eux les sapins entrouvraient légèrement leurs branches où étincelaient les étoiles. L'air était calme, sans un souffle, sans un frémissement : c'était la nuit de Noël. (d'après R. GARY)

 

- N°3 : Un ancien bouddha atteignit le nirvana (= nirvâna) d'une étrange manière. Il vit un faucon qui s'abattait sur un petit oiseau. « Je t'en prie, dit-il à la bête de proie, laisse cette jolie créature ; je te donnerai son poids de ma chair ». Une petite balance descendit sur-le-champ du ciel. L'oisillon s'installa commodément dans un des plateaux ; dans l'autre, le bouddha mit une large tranche de sa chair. Lambeau par lambeau, les diverses parties de son corps y passèrent tout entières. Au moment où le dernier morceau de chair fut mis dans le plateau, le fléau s'abaissa enfin, le petit oiseau prit son essor et le bouddha entra dans le nirvana, parmi les élus. Le faucon alors se gorgea de sa chair. (d'après E.RENAN)

 

- N°4 : Construite aux douzième et treizième siècles par un architecte qui l'avait conçue parfaitement verticale, la tour de Pise a subi quasi immédiatement les effets désastreux de l'affaissement du terrain sableux sur lequel reposait la maçonnerie. Les travaux ont d'ailleurs dû être interrompus plusieurs fois. C'est aujourd'hui l'un des monuments les plus remarquables que les touristes aient vus en parcourant l'Italie.

 

- N°5 : Récemment, un violent cyclone s'est abattu sur une île du Pacifique, ravageant tout sur son passage. Le grand mât d'une goélette fut brisé net par une rafale ; un bateau de sauvetage, expédié en hâte pour porter secours aux naufragés, fut littéralement soufflé par une gigantesque vague qui déferla sur sa coque avec une hargne inouïe. Les deux équipages s'en sortirent miraculeusement indemnes.

 

- Quarts de finale : Il y a quarante ans voire moins, trente ans, vingt-cinq ans même, peu de mineurs savaient lire et écrire et ceux qui parvenaient à tracer quelques lettres avaient une orthographe horrible pour les connaisseurs, mais parfaitement simple et logique pour eux-mêmes : ils représentaient les sons ; sans le savoir, ils pratiquaient l'orthographe phonétique. Dans ces conditions, ceux qui savaient plus ou moins lire et écrire parvenaient facilement aux postes de commandement et encore arrivait-il souvent que, pour combler les vides dans les cadres de direction, on prenait parfois des ouvriers ne sachant ni lire ni écrire mais que leur connaissance du métier et leur esprit débrouillard recommandaient. (Achille DELATTRE, Histoires de nos corons).

 

- Demi-finale : Décembre avait été pluvieux et les paquets d'eau noire qu'avaient laissés tomber les nuages livides avaient formé partout d'odieuses flaques. Cependant la Meuse n'avait pas encore quitté le lit qu'elle s'est creusé, patiemment, depuis tant de siècles qu'elle a coulé dans la vallée. Attendu la crue violente qu'on avait prévue, les éclusiers avaient couché tous les barrages, les bateliers avaient solidement amarré les chalands ; mais déjà, dans certaines parties plus encaissées, le fleuve coulait à pleins bords. (d'après F. DESONAY)

 

- Finale : Mon frère exulte littéralement chaque fois que, durant les vacances d'été, nous visitons quelque endroit insolite. Le dernier en date, c'était un moulin à vent. Le meunier nous y reçut dans une gigantesque salle dont les poutres du plafond s'ornaient de somptueuses toiles d'araignées, en partie déchirées, dissoutes sous le poids des poussières accumulées au fil du temps. La farine, jaillie comme une fumée des grains que la meule avait broyés, flottait dans l'atmosphère et un sympathique brouhaha de voix révélait la discrète ardeur des minotiers.