NIVEAU 2 (Classes de 1re et 2e) - 1999

 

-     n°1 : Chaque matin, un peu de brouillard enveloppe la cime des peupliers du cimetière tout proche ; un vent frisquet nous le rappelle : c’est l’automne ! Les feuillages commencent à se disperser et, s’il pleut, les chaussées sont glissantes ; dans les écoles maternelles, les institutrices apprennent aux enfants à rissoler des châtaignes et à réaliser avec des marrons des bricolages inédits.

 

-     n°2 : Les impressions du premier homme     

      Je me souviens de cet instant plein de joie et de trouble où je sentis, pour la première fois, ma singulière existence ; je ne savais ce que j’étais, où j’étais, d’où je venais… Je m’examinai longtemps puis je me remis en mouvement.

      Je marchais la tête haute et portée vers le ciel quand je me heurtai légèrement contre un palmier ; saisi d’effroi, je portai ma main sur ce corps étranger ; je me détournai avec une espèce d’horreur et je me rendis compte enfin qu’il y avait quelque chose hors de moi.                                                                                     (d’après Buffon, Histoire naturelle)

 

-     n°3 : Un nouveau siècle est entamé sans qu’on s’en soit vraiment aperçu. D’aucuns avaient cependant tâché d’organiser de grandioses réjouissances ; apparemment le public, fort attaché à son porte-monnaie (portemonnaie) les a boudées. C’est donc chez soi qu’on a sablé le champagne pour célébrer l’événement (évènement), privilégiant la fête de famille aux déplacements coûteux et somme toute inutiles.

 

-     n°4 : Deux copines déambulaient, bavardes et joyeuses, dans un complexe commercial renommé lorsque, tout à coup, un monsieur très bien habillé, accompagné d’une jeune mijaurée ridicule, les accosta pour leur demander l’heure. Face à ce couple évidemment peu assorti, elles furent prises d’un fou rire inextinguible ; l’une d’elles réussit cependant à hoqueter péniblement qu’il était quatre heures.

 

-     n°5 : Un portail vitré large ouvert ; des huissiers attentifs postés devant un comptoir semi-circulaire ; quelques fauteuils face à de petites tables rectangulaires dans un hall dallé de marbre clair ; un escalier étroit qui paraît interminable et, enfin, une immense salle où sont alignées de longues tables et d’innombrables chaises, numérotées de un à quatre cents : nous venons de pénétrer dans le « sanctuaire » où se déroulent annuellement les Championnats de Belgique d’Orthographe.

 

-     Quarts de finale : Bien que sa chambre fût située à l’autre bout de l’appartement, Bénédicte, l’oreille tendue, perçut nettement le claquement de la porte d’entrée et un bref dépit assombrit sa petite figure : son père n’était pas revenu l’embrasser. Une heure plus tôt, il était entré doucement dans la pièce et, comme d’habitude, avait approché son visage tout contre le sien pour, dans la pénombre, distinguer si ses yeux étaient ouverts ou pas. Le jeu consistait à faire d’abord semblant de dormir pour s’éveiller ensuite brusquement et recevoir une ration de baisers, de petits baisers très doux qui tombaient en pluie sur sa figure.                                 (France Bastia, La Traille)

 

-    Demi-finale : J’étais seul sur un trottoir. Je n’entendais que des pas au loin. Soudain je suis étreint par une angoisse intense, et je ne pourrais dire à l’heure qu’il est si cette angoisse précéda, accompagna ou suivit l’événement. Ce fut trop rapide. Un choc sur la tête. Une violente douleur à l’épaule. Puis à nouveau mon crâne qui entra en contact avec quelque chose : avec les pavés du trottoir cette fois. Et cela sonna. Je l’entendis comme si ma tête eût  été une cloche.                                             (Christian Brulls (Simenon), L’Inconnue)

 

-     Finale : Pour une douzaine de gaufres chaudes, il se serait laissé couper le bout du petit doigt, mais il ne les aimait plénièrement qu’en hiver, parce qu’alors on fermait toutes les portes et il mangeait d’abord du nez, se noyait dans les émanations précieuses du fer brûlant irrigué par le beurre fondu ; et, quand les premières gaufres fumaient, il en admirait longuement, avant d’y toucher, la rousseur joviale et chaude comme le teint d’une jeune faneuse.                            (Arthur Masson, Toine Culot, obèse ardennais)