Achille Gilson

Né à Couvin le 29 août 1925.
• Régent littéraire (Mons, 1948).
• Professeur à l'Ecole moyennne de l'Etat de Philippeville puis directeur de l'Ecole moyenne de l'Etat devenue Lycée d'Etat de Couvin.
• Entre en fonctions le 04 septembre 1957 en tant que professeur de français et de correspondance commerciale. Est nommé à titre définitif le 06 décembre 1960. Cesse ses fonctions le 31 mars 1988.

 

Quand j'ai commencé ma carrière en 1948, certains pédagogues faisaient déjà de la dictée une pomme de discorde, et cependant, les instructions dites provisoires de l'époque la considéraient comme le procédé le plus propre à enseigner l'orthographe.

 

C'est le rénové, vers les années septante, qui lui a porté officiellement un premier coup puisque ses protagonistes disaient que « la dictée ne serait plus l'exercice privilégié d'orthographe ». La mesure était sans doute assez modérée mais c'était compter sans le parti pris des applicateurs : j'ai connu des inspecteurs et des chefs d'établissement qui auraient volontiers défenestré un professeur s'ils l'avaient surpris à faire une dictée dans la classe. Bien sûr, ils proposaient des systèmes de substitution, mais on attend toujours les résultats qui confirmeraient le bien-fondé de leur discrédit jeté sur la dictée.

 

Heureusement, Joseph Hanse et ses continuateurs se sont faits les défenseurs de cet exercice (bien avant Bernard Pivot, les championnats d'orthographe au niveau national ont bien été créés en Belgique) qui, lorsqu'il est bien conçu, peut être à la fois un excellent procédé d'enseignement et un bon moyen de contrôle. Même ceux qui le contestent devraient au moins reconnaître que la dictée est une occasion d'imposer aux élèves l'expérience littéraire d'un beau texte, à un moment où une concentration intellectuelle les rend plus réceptifs. La lecture lente, les reprises et les accentuations donnent un relief singulier à la musicalité des phrases et à l'agencement rythmique des idées.

 

C'est ce que les organisateurs des Championnats d'Orthographe ont compris. Pendant plus de trente ans, lors des demi-finales, ils ont choisi des textes que les candidats devaient transcrire en se laissant câliner au ronron des phrases comme des caresses. Malheureusement, pour des raisons financières, ces fabuleux Championnats annuels organisés de main de maître par Madame Lenoble-Pinson et son équipe ont dû cesser définitivement toute activité malgré son succès croissant.

 

S'abritant derrière cette initiative, les auteurs du groupe APT sont restés dans le même sillage. J'évoque l'intensité de la couleur et le secret des rythmes chez Alphonse Salmon, la souveraine élégance de Ghislaine Dewèvre, la vigoureuse plénitude de Thierry Lause, la fidélité du tendu chez Jean-Marie Baily, la fraîcheur exquise d'une prosopopée de Nadine Pineur, les fusées d'esprit de Marie-Christine Ketelsleggers, la précision allègre et lumineuse de René Trépant...

En définitive, l'intérêt de la dictée est peut-être ailleurs que dans le respect de l'orthographe.

Achille Gilson

Septembre 2002