Le visiteur d’un soir (2004-Binche/Belgique)

Venu d'on ne sait où, il avait atterri dans le mitan du champ d'aulx jouxtant ma thébaïde à l'heure où le ponant se mâchure comme un papelard caviardé. Sans ambages déplacées, je puis vous affirmer que l'effluve pestilentiel à dominante d'acide chlorhydrique qu'exhalait cet androïde brachycéphale était pire que l'odeur peu ragoûtante des soues où couinent les piétrains brabançons. À son passage, les fleurs apétales des alchémilles touffues fanèrent, les vespertilions zigzaguèrent et des trillions de psoques indisposés décanillèrent.

Le pschent qui le parait ne devait rien aux apparats solennels voire ostentatoires de la gent pharaonique mais canalisait ce qu'analysaient des interfaces reliées par d'inextricables câbles multiconducteurs. Son lidar dirigeait des senseurs qui transcodaient halons et fréons. Ses tentacules réséda terminés par des palpes adhérents fluo se desquamaient comme tous ses autres phanères sous l'action de l'ozone contenu dans notre homosphère polluée. On eût dit un Martien de science-fiction tout droit sorti de bandes dessinées psychédéliques dans lesquelles les phylactères se seraient sublimés.

Cherchait-il à me bluffer, à m'esbroufer ou à me... bouffer ? Allait-il me cloner au moyen d'épisomes indûment prélevés sur mes gènes ? Il me lança un flux laminaire de psilocybine. Entre-temps, une myriade de coulombs - une flopée de faradays - s'abattit sur ma cafetière. Le gradient de potentiel m'assomma quasi illico presto.

Quand je me réveillai, je découvris à mon grand dam que les amphibologiques ouvrages de référence qui m'aliènent et leurs à-côtés cotés par votre coterie s'étaient envolés. En revanche, par quelque étrange potlatch, le choc somatique m'avait rendu expert ès graphies siphonnées et, quitte à ce que vous me croyiez arrogant, votre ex-pair ! Adieu mes miscellanées surannées, mes conjugateurs déjà rétro et mes chrestomathies : tout ça gîtait dans mon tréfonds quiet...


TEST 1

Il repartit vers son amas stellaire avec des petits compères verts portant chacun des récipients d'air ventrus, d'autres faix divers - dont ma bibli - et s'en voûtant. Hormis la philologie, la molysmologie devait être l'autre violon d'Ingres des croisiéristes que les tour-opérateurs intergalactiques cajolent et mignotent. Depuis, quand choient les perséides*, après avoir boulotté et avant de me pagnoter, je scrute les Ourses.

 

TEST 2

J'espère toujours revoir mon percipient siphonné de l'apex car une équipe de déchoquage m'a récemment ôté le gentil legs** de mon poteau fêlé amateur d'extras terrestres tels que notre idiome. J'ai un blocage : mes connaissances vont à vau-l'eau et ma superbe d'hier se mue en déférence embarrassée eu égard à votre savoir alors que se termine à tort la dictée.

* ou Perséides ** ou lais

 

© Claude VANHAVERBEKE
Dico d'argent 1998, Dico d'or 2002
Grand champion de la Dictée des Amériques 2003

Concours d'orthographe de BINCHE du 3 avril 2004